Sial : Tisanes surgelées

Darégal prend le tournant des infusions surgelées

Sous la responsabilité de son futur PDG Charles Darbonne, le spécialiste des aromates surgelés a conçu des tisanes à conserver au congélateur. Ses recherches agronomiques s’intensifient.

Darégal présentera au prochain Sial des infusions surgelées de menthe poivrée, de thym citron et de basilic thaï, restituant le « goût de la plante fraîche ». Le spécialiste mondial des aromates surgelés IQF veut impressionner les consommateurs avec des tisanes aux goûts bien plus reconnaissables et intenses que la plupart des breuvages à base d’herbes déshydratées. Son incursion dans les compléments alimentaires en 2010, peu rentable, a inspiré ce nouveau tournant. « Avec les infusions, nous attendons juste que le consommateur se fasse plaisir », commente Charles Darbonne, directeur général et marketing. Celui-ci se prépare à devenir le cinquième patron de l’entreprise familiale : il doit succéder à son père, Luc, dans quelques années, à la tête de cette entreprise de 107 millions d’euros de chiffre d’affaires. La nouvelle gamme grand public de Darégal rapproche le jeune dirigeant de son ancêtre Armand, qui fut un des premiers industriels des plantes médicinales et à infusion de la fin du xixe siècle, à Milly-la-Forêt dans l’Essonne, berceau de la menthe poivrée et siège de la société actuelle. Et cette gamme se passe d’allégations de santé.

Charles Darbonne défend « le bon sens paysan » dont son entreprise, dit-il, ne s’est jamais départie : un partenariat solide avec des exploitations agricoles, dont la deuxième ou troisième génération de chefs d’exploitation, dans le Gâtinais ou en Beauce, fournit l’usine de Milly. Darégal fait cultiver ses herbes à moins d’une heure de route de ses usines de transformation.

Ses quatre usines, dans l’Essonne, le Finistère, l’Andalousie et la Californie, garantissent un approvisionnement sans failles de ses clients industriels, grossistes en restauration et distributeurs. Les herbes récoltées sont immédiatement lavées, essorées et transformées en continu. Darégal privilégie le goût à la productivité. Par exemple, la menthe douce cultivée à proximité de l’usine de Milly est présentée comme la meilleure du marché pour assaisonner les taboulés, en surgelé comme en déshydraté. Cette menthe douce, montrée dans un champ par Charles Darbonne, le DG, Aurélie Marteau, chef de produit et Nicolas Brunet, chef de cultures, pousse en petits massifs inégaux. « Elle a été implantée au printemps dernier et n’a pas encore colonisé tout le sol », explique Nicolas Brunet. Cette menthe douce demande en première année davantage de désherbage manuel et n’est pas simple à récolter. Des terres un peu ingrates comme on en trouve dans le Gâtinais, qui fatiguent la plante et la mènent au stress hydrique, voilà ce qu’il faut pour concentrer le parfum. Le goût est aussi un des critères de sélection de quelques variétés phares (le basilic) ou d’avenir (la coriandre). Dans la serre de recherche variétale de Milly, Léon Van Niekerk, maître des lieux depuis assez longtemps pour avoir connu le grand-père Marc Darbonne, conserve 150 variétés différentes de basilic. Certaines ont le goût du basilic génois le plus typique de la cuisine italienne, d’autres la note de réglisse du basilic thaï. 25 tonnes de graines d’une variété obtenue au bout de dix ans de sélection (un basilic génois) seront semées l’an prochain dans le sud de l’Espagne, le terroir d’Europe le plus adapté à cette culture, selon les dirigeants.

« Clean label »

La recherche agronomique est aujourd’hui le plus important investissement de Darégal, affirme Charles Darbonne. La mise au point des machines de récolte en fait partie, qui permet de collecter du basilic bien vert et de vendre des feuilles entières d’estragon déshydraté. Le centre de recherche de Milly s’oriente aussi vers les plantes demandant le moins de traitements chimiques possible. Deux motifs à cela : le brassage mondial des maladies végétales et la demande croissante pour des herbes sans résidus. Le copyright des semences et plants appartient à Darégal jusqu’à la récolte, effectuée par ses soins. Aussi, l’agriculteur n’a-t-il aucune raison de dissimuler quoi que ce soit (traitement tardif ou qualité inégale). En guise d’investissements industriels, la société a consacré 12 millions d’euros en 2008 et 2009 à l’implantation dans le sud de l’Espagne de l’usine de surgélation d’herbes la « plus grande (100 tonnes d’herbes fraîches par jour) et la plus moderne au monde ». Elle investira cette année dans une ligne d’ensachage d’infusions à Milly et ces deux prochaines années dans la conversion aux nouvelles normes d’une partie de ses groupes frigorigènes de Milly.

Sylvie CARRIAT

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